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Quand nos agriculteurs produisent de l’énergie

13.10.2022

Produire de l’électricité à partir de déchets organiques, chauffer au passage des maisons et récupérer de l’engrais à épandre en retour, voilà entre autres ce que permet la « biométhanisation ».

Un article de DW Influence

La biométhanisation, c’est quoi ?

Ce processus de fermentation est similaire à ce qui se produit dans le ventre d’une vache… Des matières comme des déjections animales ou des déchets verts entrent dans une cuve et subissent une dégradation biologique réalisée par des micro-organismes (bactéries, etc.).

Au cours de cette décomposition, un gaz est naturellement produit, le  biogaz qui peut être récupéré pour produire de la chaleur et/ou de l’électricité .
La chaleur émise lors de cette transformation peut également être récupérée pour chauffer des maisons et bâtiments à proximité. Enfin, lorsque la décomposition est terminée, il reste un résidu qu’on appelle digestat. Celui-ci peut être épandu sur les terres agricoles comme fertilisant.

Cette triple production est évidemment 100% verte et locale, ce qui constitue un avantage évident durant la crise énergétique et environnemental de que nous connaissons actuellement.

Quelles matières utilisées ?

Pratiquement toutes les matières organiques peuvent être valorisées.
En Wallonie, on retrouve des « intrants » issus…

  • De l’agriculture : déjections des animaux, fumiers , déchets de maraîchage, pailles, feuilles de betteraves, coupes d’herbes, ; cultures à vocation énergétique, etc. ;
  • De l’industrie : déchets agroalimentaires (pelures de légumes, produits périmés…) ; boues provenant d’industries ;
  • Des communes : boues de stations d’épuration, déchets ménagers, déchets verts.

Intrants les plus utilisés en biométhanisation agricole*

57% de déchets agro-alimentaires
21% d’effluents d’élevage (fumier, purin, lisier, eaux brunes…)
12% de cultures de maïs

 

*Panorama de la Biométhanisation en Wallonie, édition 2021, ValBiom

Une économie Circulaire

Un exemple d’économie circulaire :

« Nous avons installé il y a 16 ans une relativement grande unité « pilote » de biométhanisation sur notre exploitation » raconte Dimitri Burniaux, vice-président de la Fédération des Biométhaniseurs Agricoles (FEBA). « Nous l’avons fait en collaboration avec une asbl du village qui avait obtenu des subsides régionaux. Aujourd’hui, cela nous permet de produire assez d’électricité pour nos besoins (puissance installée de 10 kW) et on revend le reste (190 kW) au réseau électrique ». 

« Nous récupérons aussi la chaleur du refroidissement du moteur pour chauffer nos 2 serres et 16 maisons qui se trouvent aux alentours ! Nous avons créé un réseau de chaleur de 450 mètres et les voisins ont pu simplement raccorder leur chaudière au tuyau. Nous avons une convention, qui leur permet de se chauffer pour la moitié du prix du mazout ! C’est un bon partenariat avec les voisins, tout le monde est content ! Et le digestat est épandu sur nos terres et celles d’autres agriculteurs intéressés. C’est vraiment de l’économie circulaire, un cercle vertueux !  ».

« Nous fournissons nous-même 1000 tonnes d’intrants avec nos effluents et nos produits agricoles déclassés ;  et les 4000 tonnes restantes proviennent de tontes de pelouse déposées par les communes, le CPAS ou les grands parcs à jardin de la région ; ainsi que des déchets de triage de céréales, de pomme de terre ou de betteraves déclassés fournis par des gros dépôts de la région. Nous avons aussi une dizaine de particuliers du coin qui viennent vider leurs déchets organiques tel que les déchets de tontes. Mais c’est anecdotique. L’avantage pour tous ces fournisseurs est que c’est gratuit ». Leurs déchets sont en outre valorisés…

Une production de 1.500.000 kWh par an,
permet de fournir
450 ménages en électricité !

Des petites unités pour des fermes autonomes

« Dans la Fédération, nous sommes ‘’les plus petits des grands’’ avec une unité qui a une puissance de 200 kW » précise le co-président de la FEBA. « À titre d’exemple, la plus grande fait 4000 kW. Mais nous avons aussi dans nos membres des fermes avec des microstations à 10 kW qui produisent juste assez pour produire leur électricité et chauffer leur maison et ainsi être autonomes. L’avantage est que l’investissement est moins coûteux et qu’elles peuvent se contenter de leurs propres effluents agricoles. Toutefois, ces projets restent techniquement complexes ».

Une voie pour l’indépendance énergétique ?

« Il y a vraiment du potentiel de développement pour les microstations que les petites fermes peuvent installer pour être indépendantes au niveau énergétique » s’enthousiasme Dimitri Burniaux.

« Par contre, pour les plus grosses stations agricoles, nous sommes limités au niveau des sources car les déchets agricoles et agro-alimentaires sont déjà très valorisés en Wallonie. Je ne vois que deux pistes de développement : soit augmenter les cultures intermédiaires ou énergétiques dédiées à cela (en cadrant pour éviter les dérives) ; soit améliorer le tri et la collecte des déchets organiques ménagers, qui sont encore très peu valorisés… L’avantage de la biométhanisation est que la production est stable, par rapport à l’éolien et aux panneaux solaires ou photovoltaïques. Mais je pense que l’avenir nécessitera un mix d’énergies renouvelables et qu’à côté de ça, nous devons apprendre à consommer beaucoup moins… » 

L’avantage d’une production est stable,
par rapport à l’éolien
et aux panneaux solaires ou photovoltaïques

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