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Les femmes dans l'agriculture

18.03.2022

Si pendant longtemps, les agricultrices ont seulement été considérées comme "femmes au foyer", elles sont aujourd'hui de vrais moteurs dans la diversification des exploitations et dirigent près de 15% des fermes wallonnes.

Un article de DW Influence

Des agricultrices longtemps invisibles…

L’agriculture, un métier réservé aux hommes ? Que nenni ! Depuis toujours, les femmes ont contribué à faire tourner les exploitations agricoles. Mais elles ont longtemps été invisibles, reléguées au rang de « petites mains » de la ferme, en soutien de leur mari… Alors qu’elles travaillaient pourtant souvent à temps plein sur l’exploitation, elles étaient considérées officiellement comme femmes au foyer, sans aucune reconnaissance professionnelle ni sociale.

Leur combat pour un statut social

Depuis les années 60, les agricultrices ont peu à peu commencé à faire entendre leur voix, notamment à travers les branches féminines des syndicats. Elles ont lutté pour l’instauration d’un statut de « conjoint-aidant », qui a permis aux femmes d’agriculteurs d’obtenir un début de sécurité sociale en 1990. Depuis 2005, ce statut est devenu obligatoire et il permet aux femmes – moyennant le paiement de charges sociales réduites – de bénéficier des mêmes droits sociaux que leurs maris indépendants : pension, soins de santé, incapacité de travail… Cela a permis en outre à cette main d’œuvre féminine cachée de sortir de l’ombre et de rentrer dans les statistiques !

Quelle présencedes femmes
dans l’agriculture ?

Selon les chiffres de 2016[1], les femmes représentent un tiers de la main d’œuvre agricole régulière en Wallonie. 50% de ces femmes ont le statut de conjoint-aidant, ce qui est 15% de moins qu’en 1990. À l’heure actuelle, les conjointes ont souvent une activité professionnelle en dehors de l’exploitation, ce qui peut en partie expliquer cette diminution. 30% des femmes actives dans l’agriculture wallonne sont cheffes d’exploitation, ce qui représente seulement 15% des fermes wallonnes. « Aujourd’hui, une femme est tout à fait capable de gérer une exploitation agricole » explique Geneviève Ligny, présidente de » l’Union des agricultrices wallonnes ». « Grâce à la mécanisation, toutes les tâches sont accessibles physiquement, ce n’est plus un obstacle du tout ! Mais nous restons en Wallonie dans une agriculture essentiellement familiale, avec des structures à taille humaine, où hommes et femmes s’investissent à leur façon dans l’exploitation familiale et je pense que c’est une richesse car nous sommes complémentaires ».

[1] Source : Direction générale Statistique, Service public fédéral Économie (Statbel) – Fiche Etat Agriculture Wallonie (https://etat-agriculture.wallonie.be/contents/ind––icatorsheets/EAW-A_II_b_4.html)

Qui sontnos agricultrices ?

Avant, on devenait agricultrice parce qu’on épousait un agriculteur. Mais aujourd’hui, la situation a changé… Celles qui optent pour cette voie le font par choix. « De plus en plus de jeunes femmes décident de rejoindre l’exploitation familiale après avoir eu une expérience de travail à l’extérieur dans d’autres secteurs » constate Geneviève Ligny. « Après une dizaine d’années, elles font le bilan et ont envie de développer un projet qu’elles ont mûri. Elles prennent un statut d’indépendante à part entière – plutôt que de conjointe-aidante – et développent leur propre activité, qui est une réelle plus-value économique pour l’exploitation. Cela peut être un projet de circuit-court, de développement d’un produit (fromages, glaces…) ou encore un gîte à la ferme… Les femmes sont souvent un moteur de diversification de l’activité ». Une tendance qui répond particulièrement bien aux défis économiques du secteur et le besoin de rapprocher consommateurs et producteurs.

De mieux en mieuxreprésentées

Si elles restent minoritaires, les agricultrices sont de plus en plus présentes dans les structures décisionnelles et syndicales. « Depuis 2018, l’Union des agricultrices wallonnes est en outre reconnue comme organisation professionnelle, au même titre que d’autres syndicats » se réjouit Geneviève Ligny. « Nous sommes les seules en Europe ! Cela nous donne une place officielle dans toutes les instances publiques et politiques, que ce soit au niveau local ou européen, et nous impose à la table des discussions importantes comme sur le bail à ferme ou la PAC (politique agricole commune) ». De quoi permettre aux agricultrices de continuer à faire entendre leurs voix…

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