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Aquaponie :
quand truites et légumes font bon ménage

13.02.2023

Sarah et Benjamin ont lancé il y a deux ans la Ferme des 3 moutons.
Au cœur de leur projet, l’aquaponie : un savant mélange entre élevage de poissons et culture de légumes hors sol. Mails il est loin de s’y limiter ! Maraîchage, apiculture, épicerie et à l’avenir lieu d’accueil et de restauration... Les idées ne manquent pas chez ce couple dynamique et créatif !

Un article de DW Influence

Un coup de cœur
pour l’aquaponie

Sarah est graphiste, Benjamin webdesigner. Ces deux créatifs se sont installés il y a 4 ans avec leurs deux enfants dans une ferme à Ciplet (Braives), au sud de Hannut (province de Liège), après 10 ans passés à Bruxelles. « En 2015, j’avais vu un reportage sur l’aquaponie et ça m’avait vraiment tapé dans l’œil » raconte Benjamin. Le concept : l’eau chargée en déjections de poissons est récupérée et transformée en nourriture assimilable par les plantes, grâce à l’action des bactéries. Cette eau riche en nutriments est envoyée dans les serres, où elle vient nourrir des plantes également cultivées dans des bassins. En se nourrissant, les végétaux purifient l’eau qui est alors renvoyée dans le bassin des poissons. Un écosystème 100% naturel qui permet de recycler les déchets de l’un et limiter l’apports d’intrants de l’autre.

À la clé également, une économie d’eau par rapport à la culture en terre. « L’aquaponie peut être faite sur de très petites surfaces, même en ville ! C’est très modulable comme système » s’enthousiasme Benjamin. « À la base, je pensais faire ça à petite échelle, pour notre propre consommation domestique, quand on aurait acheté une maison. Et puis je me suis dit qu’on pourrait faire cela de manière professionnelle, pour essayer d’en vivre… Ça rentrait tout à fait dans notre vision car nous voulions créer un projet commun et familial, en lien avec l’alimentation. À partir de là, nous nous sommes mis à la recherche d’une ferme où on pourrait construire les bacs à poissons dans une grange et installer des serres à proximité ». En 2017, le couple trouve une ferme abandonnée qu’ils rénovent, avant de lancer le projet en 2021.

Un écosystème 100% naturel
qui permet de recycler les déchets
de l’un et limiter l’apports d’intrants de l’autre

Culture de légumes dans l’eau

Dans la serre, les plantes sont installées sur des panneaux de frigolite, qui flottent dans des bacs. L’eau provenant des poissons s’y écoule lentement, nourrissant les racines immergées des plantes. Elle est ensuite récupérée en bout de course, pour être renvoyée aux poissons… « La croissance est plus rapide qu’en pleine terre » explique Sarah. « Car la plante ne s’épuise pas à développer ses racines. Du coup, elle passe son temps à grandir… À priori, tout est cultivable en aquaculture mais avec le système de panneaux nous privilégions les légumes feuilles (salades, épinards, bettes, céleri…) et les aromates, qui sont légers. Ils sont en outre peu demandeurs en nutriments.»

Élevage de truites

Côté poissons, le couple a opté pour la truite arc-en-ciel. « Il y a beaucoup d’avantages » expliquent-ils. « C’est un poisson résistant, qui supporte l’eau froide… On peut la manger fraîche, fumée, en rillettes… Et il y a de la demande :  70% de la consommation de truite en Belgique est importée ! Nous on produit de la truite locale, qu’on vend à des prix raisonnables et ça part sans aucun problème ! Nous venons de vendre toute notre première génération de poissons, que nous avions reçus en alvin d’1 cm il y a un an et demi. Sans même faire beaucoup de publicité… Il y avait un peu moins de 1500 truites dans ce premier bac. Et dans notre deuxième bac, nous avons 2000 truites prêtes à être vendues en « truite portion », la truite entière qu’on sert en assiette. Il est possible aussi de la vendre en filet quand la truite est plus grosse… Nos acheteurs sont principalement des restaurateurs et des particuliers. Les clients sont intéressés de savoir d’où elle vient, comment elle a été élevée…»

Une activité
stable et peu chronophage

« Autre point positif : l’élevage de truites ne nécessite pas de connaissances trop poussées. Et en cas de questionnements, nous pouvons compter sur le collège des pisciculteurs, dont nous faisons partie, pour nous aider. Le moment le plus critique est l’été, quand il fait très chaud car il n’y a plus assez d’oxygène dans l’eau et c’est dangereux pour les poissons. Dans les élevages en plein air, il y a eu beaucoup de pertes l’été passé avec la canicule. Nous avons été épargnés parce qu’avec la grange, nous n’avons pas de lumière directe du soleil et la température ne monte pas très vite. Mais ça a quand-même été limite à un moment… Lorsque l’eau se réchauffe, les poissons se mettent en outre dans un état végétatif et produisent moins de déjections, ce qui dérègle l’écosystème et il n’y a plus assez de nutriments pour les végétaux… Par fortes chaleurs, nous sommes donc très vigilants. Mais le reste du temps, le système est assez stable. On peut se contenter de surveiller les paramètres de l’eau une fois par semaine. L’aquaponie ne demande pas beaucoup de maintenance au quotidien. C’est plus la conception des bacs et du système hydraulique qui nous a demandé pas mal de temps et de réflexion… »

Agriculture en pleine terre, épicerie, lieu d’accueil, restauration…

À l’arrière de la ferme, Sarah et Benjamin disposent aussi de champs et d’une serre pour la culture de légumes bios en pleine terre, qu’ils ont confiée à un maraîcher professionnel. « Il y a tellement de choses à faire qu’on est obligés de déléguer mais on garde un pied dans chaque activité et on apprend les ficelles de tous ces nouveaux métiers » confie Sarah. En plus de leur travail indépendant de graphisme et webdesign qu’ils maintiennent pour l’instant, le couple se relaie chaque après-midi pour tenir l’épicerie, où ils vendent leur production ainsi que près de 600 produits locaux au total. « Nous proposons un peu de tout pour que les gens puissent faire leurs courses ». Cet automne, ils ont lancé un webshop avec un système de retrait et livraison. L’année prochaine, ils projettent de créer un lieu d’accueil pour les visites d’école et touristiques. Mais aussi de proposer en semaine une petite restauration 0 déchet le midi, avec des plats artisanaux de traiteurs en bocaux, pour offrir un lieu de rencontre aux travailleurs. Un projet aux multiples facettes qui retisse du lien dans le village et ne cesse de les stimuler. « C’est vraiment notre terrain de jeu. On a plein de nouvelles idées qui nous viennent et c’est gai de pouvoir les développer. Nous avons aussi beaucoup de chouettes retours des habitants du coin, qui nous ont vraiment bien intégrés avant même qu’on ait emménagé ! Nous sommes très entourés et on sent que notre famille peut vraiment s’ancrer et s’épanouir ici. »

Découvrez
la Ferme des 3 moutons

Place de l’Europe, 5
4262 Ciplet (Braives)

La ferme
3moutons.farm
FB/lafermedes3moutons

L’épicerie
www.miammm.be
FB/miammm.be

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