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L’agriculture et l’artisanat,des secteurs qui évoluent

11.07.2022

Nouvelles technologies, demande des consommateurs, conditions climatiques... Les producteurs sont continuellement en proie à l’adaptation pour satisfaire au mieux la demande du monde actuel. Un comportement qui demande des ressources, mais également de la patience et de la passion.

Un article de Potimanon

Des métiers qui s'adaptent

Jacky Lorent est artisan boulanger à Belgrade. Sa boulangerie « Le Roi de la Galette » a réussi à se faire une place de choix dans le cœur des Namurois, qui viennent y déguster les meilleures galettes de la capitale wallonne. Âgé de 61 ans, il est dans le métier depuis ses 14 ans, et travaille avec son fils, Marc, 33 ans. « C’est un métier qui n’a pas évolué des masses, dans le sens surtout où les machines aujourd’hui sont plus ou moins les mêmes qu’avant, la pointe de modernité en plus. »

En revanche, là où Jacky Lorent remarque surtout une évolution, c’est dans les habitudes des consommateurs. « Avant, on faisait des tournées. On allait déposer le pain chez les gens, mais ce n’est plus le cas maintenant, nous explique-t-il. On se rend également compte que les habitudes de consommation évoluent… En tant qu’artisans boulangers, nous sommes encore l’un des rares métiers où les gens viennent directement en boutique. Le boulanger reste cet artisan chez qui on aime aller, notamment le dimanche matin, pour partager un moment en famille ou entre amis. À mes yeux, le boulanger reste un privilégié parmi les petits commerçants. » C’est pourquoi, pour entretenir ce lien avec le consommateur, Jacky Lorent mise, depuis toujours, sur la qualité et la fraîcheur de ses produits.

 

 

Et pour cela, il n’y a pas de secret,
c’est le travail de dur labeur qui paye.
« On fait du 7 jours sur 7, nous confie-t-il.
On travaille chaque nuit, de 23h à 9h
dans un seul et unique but :
que nos produits soient frais
afin que le client soit satisfait. »

Olivier Servotte, lui, est dans l’élevage de Blanc Bleu Belge, dont la ferme est située dans le Condroz, le berceau de cette race bovine bien de chez nous. Les journées de cet éleveur démarrent, elles aussi, à l’instar de Jacky Lorent, très tôt. « Je commence à 5h du matin, et termine bien souvent à 21h, explique-t-il. C’est un métier très compliqué, mais en revanche, je n’ai pas l’impression de travailler, car j’aime ce que je fais. Je suis auprès des animaux, je les choie et je les soigne. »

Revenu dans la ferme avec ses parents en 1997, Olivier Servotte nous explique comment, au fil des années, le métier a évolué. « Là où je suis seul sur l’exploitation aujourd’hui, mes parents autrefois étaient deux. Le métier évolue, et la mécanisation permet réellement de travailler plus facilement seul sur le terrain, nous explique-t-il. Par exemple, j’utilise aujourd’hui une machine qui permet de rationner exactement ce dont les animaux ont besoin. Je mets x kilos de paille, x kilos de foin, x kilos de pulpe de betterave… La machine est dotée d’une balance intégrée, et ça facilite énormément le travail. » Et si la technologie évolue, encore faut-il oser investir dedans. « Toutes ces nouvelles machines représentent un coût. De plus, avoir ces nouveaux outils est une chose, mais construire les bâtiments pour les accueillir en est une autre, précise-t-il. Une machine comme celle-ci pour distribuer la nourriture aux animaux, cela demande des lieux avec de très hauts plafonds et de plus grands couloirs. Lorsqu’on veut des machines modernes, il faut dès lors les bâtiments qui vont avec. C’est un ensemble. »

Olivier Servotte nous explique également avoir investi dans des colliers connectés pour ses animaux. « Ils permettent de détecter les chaleurs, nous explique-t-il. Avant, pour cela, il fallait rester caché dans l’étable et observer les signes. Ces colliers permettent de ne plus devoir surveiller en permanence. Ils sont connectés de telle manière à pouvoir également nous donner des alertes santé puisqu’ils calculent l’ingestion de nourriture, la rumination, ainsi que les mouvements de la vache. » La technologie permet d’être d’autant plus réactif, le tout pour le bien de l’animal et de l’éleveur.

La Famille Cloet, dont la ferme éponyme est située à Flawinne, s’est également adaptée au fil du temps aux nouvelles techniques. Ici, c’est la pomme de terre qui est reine depuis des décennies entières. Et on s’en doute, après autant d’années d’expérience sur le terrain, la manière dont la famille de La Ferme Cloet cultive ses pommes de terre a bien évolué. « Avant on labourait, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui. On laisse travailler la vie du sol et on mise sur des engrais verts, alors qu’il y a 25 ans on ne faisait pas ça. » Ainsi, La Ferme Cloet travaille en culture raisonnée et mise sur les produits les plus doux possibles pour conserver une meilleure qualité de leurs pommes de terre.

Une capacité à rebondir et à offrir le meilleur

Et si les techniques évoluent, au même titre que la demande des consommateurs, les producteurs doivent également faire face aux situations sur lesquelles ils n’ont pas de prise, comme par exemple les changements du climat ou les crises mondiales. Ainsi, Jacky Lorent nous explique que la guerre en Ukraine a un impact direct sur son métier, puisque le coût des matières premières explosent littéralement. Pour autant, l’artisan-boulanger ne souhaite pas que son client en ressente l’impact dans ses achats. « On mord sur notre chique actuellement avec la hausse de prix liée à la guerre, nous explique-t-il. On essaye de ne pas brusquer le client en augmentant trop nos prix. Le but n’est pas d’envoyer le client dans des grandes surfaces car nous sommes trop chers. » Même son de cloche du côté d’Olivier Servotte, qui nous explique que les prix de l’engrais ont doublé et qu’il faut s’y accommoder puisque le prix de la viande, lui, n’augmente qu’à peine.

Les producteurs doivent également faire face aux critiques du métier. « Le fermier est vu comme un pollueur, nous explique avec regret Olivier Servotte. Par rapport à la génération de mes parents, c’est pourtant incroyable la diminution des produits phytosanitaires utilisés ! Aujourd’hui, nous travaillons en préventif, c’est-à-dire qu’on vaccine, ce qui élimine déjà beaucoup de maladies. C’est une possibilité qui n’existait pas avant. » De plus, l’éleveur nous explique que pour obtenir des rations équilibrées pour ses animaux, il nourrit ces derniers avec du maïs, de la pulpe de betterave, du foin de l’herbe, mais également du lin et du soja pour l’apport en protéines. « Lorsque vous parlez de soja, on crie au loup. Or, en réalité, le bétail se nourrit uniquement du déchet de ce que l’humain a consommé, c’est-à-dire que dans ce cas-ci, on extrait l’huile de la graine de soja et le bétail mange le reste appelé tourteau. »

Autant de preuves qui démontrent la difficulté du métier et son évolution permanente, que ce soit au niveau selon la demande du consommateur, les avancés scientifiques, techniques ou encore les situations géopolitiques mondiales. De quoi admirer encore un peu plus le travail passionnant de nos producteurs locaux.

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L'Apaq-w, pour une agriculture de qualité en Wallonie